Architecture néo-régionale

Une interprétation de la tradition

D'inspiration balnéaire, certains territoires landais présentent des originalités, influencées par la géographie, un style ou une époque. Ils font référence à des typologies traditionnelles plus ou moins marquées. Tout en étant structuré, l'ensemble est modernisé, plus détaillé, sensible, esthétique. 
L'exemple de l'architecture basco-landaise est une bonne illustration d'une démarche d'adaptation réussie. 
 
On pourra s'en inspirer pour inventer de nouvelles approches qui s'accorderont à nos possibilités constructives et aux expressions plastiques contemporaines. 
 

 

Les villas de villégiature 

À l'instar des villas construites fin XIXe dans la Ville d'Hiver d'Arcachon, Biarritz, ou dans d'autres lieux de villégiature, le littoral et l'arrière-pays landais ont vu s'implanter de nombreuses constructions pittoresques de type "balnéaire". 
Ces maisons s'inspirent de multiples influences (anglo-normandes, parisiennes, ...).Elles combinent savamment les volumes, intègrent des bow-windows, jouent sur les contrastes de matériaux. Les toitures, souvent très pentues, se couvrent de tuiles plates dites "de Marseille". Cet éclectisme architectural est passé de mode dans les années où a émergé le mouvement moderne, plus sobre et plus géométrique. 
 
 
 

Le renouveau de l'entre-deux guerres 

La période de l'entre-deux guerres correspond au déploiement du tourisme et du thermalisme dans les Landes. À cette époque, deux hommes d'affaires et leurs maîtres d'oeuvres sont à l'initiative d'un important renouvellement architectural. 
Sur le lac d'Hossegor, le promoteur Alfred ELUÈRE impulse la création d'une station qui se veut sportive et élégante. Il favorise l'expression d'une architecture néo-vernaculaire, fondatrice du "style basco-Iandais", dont certains se revendiquent encore. 
À Dax, Eugène MILLIÈS-LACROIX relance le thermalisme local en faisant appel aux audaces du courant international de "l'art déco". 
ELUÈRE et MILLIÈS-LACROIX imposent d'autant plus facilement leurs préférences architecturales qu'ils deviennent respectivement maires de Soorts-Hossegor et de Dax. 
 
 
 

Hossegor, un nouveau style de station balnéaire 

Le style basco-landais trouve naissance dans les villas et les nouveaux équipements (sporting-casino, écoles, salles des fêtes) érigés entre 1923 et 1939 près du village de Soorts, dans ce qui deviendra la station d'Hossegor. C'est un style néo-régional et moderne, inspiré par l'esprit de son temps et par la magie du site. 
La cité-parc d'Hossegor, aux voiries courbes, se présente comme une alternative à la ville classique, au Paris "Haussmannien". Les premières villas sont construites autour du lac dans des lotissements réalisés par des sociétés immobilières sur des terrains municipaux concédés. Les lots font de 800 à 2000 m2
Pour préserver le pittoresque des dunes, il est défendu de déboiser et imposé de construire en dur. 
 
 
 

La création d'un style landais et "Basco-Landais" 

Le succès du concept immobilier d'Hossegor stimule la créativité des architectes régionaux. Claude-Henri GODBARGE, Louis et Benjamin GOMEZ, Louis LAGRANGE, Robert MAURICE, Jean-Albert POMADE, Jean-Baptiste PRUNETTI, Henri TISON et d'autres encore, y expriment leur talent, inventant une formule architecturale qui concilie style régional et production moderne. 
Le courant régionaliste néo-basque influence directement les nouvelles créations. Inspiré de la maison labourdine (du nom de la province basque du Labourd), ce style s'exprime depuis la fin du XIXe vers Biarritz, Guétary et Cambo-les-Bains : villas à façade blanche, avec des pans de bois ocre rouge et des encorbellements en partie haute.
 
 
 

Les déclinaisons du Basco-Landais dans l'arrière-pays 

Le style basco-landais s'est développé dans l'habitat de toute la région. À Mont-de-Marsan, on le retrouve dans un site d'exception, le parc Lacaze; mais aussi sur des terrains plus contraints, dans des volumes plus proches de la maison de ville, à l'image du quartier réalisé par Henri DÉPRUNEAUX vers 1935, rue Léo Bouyssou. 
 
 
 
 

L'art déco 

Le style art déco est peu représenté dans l'habitat landais proprement dit. Mais il s'illustre savamment dans certaines maisons de ville, comme celle réalisée Rue Maubec à Mont-de-Marsan, en 1920, par l'architecte Léonce LÉGLISE, ou celles conçues Avenue du Sablar et Avenue Saint-Vincent-de-Paul à Dax par Jean-Charles PRUNETTI ou George FUDJI. Style de transition, l'art déco développe une architecture de béton où le décor souligne les volumes en évitant les surcharges. 
L'importance de l'art déco dans les Landes vient surtout de l'intérêt historique et patrimonial des deux monuments phares de Dax, le Spendid Hotel et l'Atrium-Casino. 
Ces constructions sont conçues entre 1925 et 1930 par l'architecte parisien André GRANET (assisté sur place d'Albert Pomade et Jean-Charles Prunetti). Elles montrent comment, au travers du style Art Déco, on passe des arabesques de l'Art Nouveau à un goût plus marqué pour la géométrie et un classicisme plus épuré. 
L'art déco de Dax préfigure déjà, notamment dans ses volumes et ses matériaux, le modernisme architectural de l'après-guerre.
 
 
 

 

Les constructions publiques 

Les salles des fêtes : leur développement au cours du 20ème siècle fut un des phénomènes majeurs de l’histoire landaise. Durant l’entre-deux-guerres, l’architecture de ces édifices a été marquée par la tendance régionaliste et art déco. On retrouve la touche art déco à Cassen, Candresse, Hinx, Lit-et-Mixe, Pouillon, Josse, Mimbaste, Biscarosse, Linxe (oeuvre de l’architecte Fudji)… 
 
L’hôtel le Splendid : cet hôtel thermal est un des rares établissements de la Nouvelle Aquitaine à pouvoir restituer l’ambiance d’un palace des années 1930. 
 
Foyers municipaux : l’architecte montois Franck Bonnefous sera l’auteur de 14 foyers municipaux dans les Landes parmi lesquels figurent l’élégant bâtiment de Morcenx mais également celui de Roquefort où le foyer populaire est partagé entre tradition basco-landaise et l’esthétique des années 30. 
 
Les arènes : après la 1ère guerre mondiale, l’usage du béton se répand dans l’architecture taurine. Une quête de modernisme illustrée par les travaux du pionner Albert Pomade, architecte dacquois qui signe la réalisation de 5 enceintes dans les Landes ; Dax, Soustons, Saint-Sever, Tyrosse, Pomarez. Economique et résistant, le béton armé offre surtout un matériau de choix capable d’épouser les contraintes structurelles liées à la construction d’un édifice de forme circulaire.