Patrimoine arboré
Dans notre département rural et forestier, l’arbre est parfois considéré comme un élément banal et un produit. Le patrimoine arboré, notamment dans les bourgs, peine ainsi à être reconnu comme un élément emblématique. Souvent par ignorance, il subit des mauvais traitements qui en menace le maintien.
L’arbre mérite pourtant toute notre attention, car il constitue un point fort de nos paysages. Outre des valeurs culturelles, une qualité d’ambiance, de refuge pour la biodiversité et de producteur d’humus, il constitue par son ombrage, un climatiseur naturel.
Sa préservation nécessite donc une attention particulière de tous, collectivités comme grand public.
Mais elle passe aussi par la mobilisation de connaissances et de savoir-faire techniques de la part des concepteurs, des entreprises et des gestionnaires.
L’élagage : respect et compétence
Respecter les arbres, c’est leur assurer une croissance harmonieuse. Les tailles de formation et d’entretien sont déterminantes. La taille, si minime soit-elle, constitue une agression pour l’arbre. Il faut donc en limiter l’usage.
- Taille radicale : un massacre qui coûte cher.
Triste constat : trop souvent, par manque de connaissances ou de compétences, les arbres sont victimes d’élagages radicaux (étêtage, rapprochement, ravalement), réalisés au coup par coup, trop tardifs et dont les conséquences sont dramatiques pour l’arbre.
Ces pratiques inconsidérées résultent de :
- la perte d’un savoir-faire,
- l’utilisation systématique et non raisonnée de la nacelle ou du lamier à scie,
- mauvais usage de la tronçonneuse,
- une idée fausse encore trop répandue à savoir la cure de rajeunissement.
Les conséquences de la taille radicale sont souvent irréversibles tant sur le plan esthétique (destruction de la silhouette), qu’en matière de sécurité (développement d’une nouvelle cime fragile) et de santé de l’arbre (développement de pourritures au sein de l’arbre). Les tailles radicales altèrent ainsi fortement la pérennité des arbres.
- Bien gérer la taille d’entretien, une taille adaptée à la silhouette de l’arbre
Silhouette architecturée
Conduit dès la plantation en fonction de la forme adulte désirée, l’arbre à silhouette architecturée doit être régulièrement taillé (taille annuelle hivernale) de façon à le maintenir aux dimensions choisies.
Silhouette naturelle
Accompagné dans son développement durant les vingt premières années, l’arbre à silhouette naturelle ne nécessitera plus de taille.
- Opter pour la taille douce, en faisant appel à une entreprise spécialisée, dont la prestation sera définie par un cahier des charges précis,
Respectueuse de l’arbre
Issue des connaissances scientifiques sur la vie des arbres, la taille douce permet, tout en préservant leur beauté, de répondre à un double problème :
- une taille jugée nécessaire,
- la préservation de la santé et de la longévité des arbres.
La taille douce, association de 3 techniques :
- Le grimper, travail au cœur de l’arbre praticable quelle que soit la situation de l’arbre (axes routiers, places publiques, berges de rivières, parcs …).
- La taille d’éclaircie du houppier « par allègement des branches charpentières » augmente la transparence de l’arbre et réduit sa prise au vent : taille des branches mortes, malades ou dépérissantes, travail sur des branches de petit diamètre.
- La coupe oblique, proche du tronc, mais laissant la ride de l’écorce pour la cicatrisation, selon les règles de l’art.
- Anticiper grâce à la taille de formation
Le succès d’une plantation est aussi une affaire d’anticipation
La plupart des arbres ont une longévité supérieure à celle de tous les êtres vivants. De plus, quelle que soit leur forme, leur taille ou leur couleur, ils participent à l’ambiance des lieux où ils vivent. Aussi, avant de planter un arbre, il faut en définir l’usage, la vocation et la forme. Opérée à partir de plants fléchés, sains et vigoureux, et gage de réussite du projet, la taille de formation consiste à accompagner l’arbre pendant les premières années de sa phase de croissance.
La taille de formation régulière, adaptée à la forme choisie (libre ou architecturée), durant les 10 premières années qui suivent la plantation.
Association de 3 principes :
- Formation de la tige. Contrairement à la pratique couramment observée, il est fondamental de conserver la flèche des jeunes arbres.
- Formation de la charpente. Quelle que soit la silhouette choisie (libre ou architecturée), les principes généraux restent les mêmes : suppression des branches qui concurrencent la tige ou se dirigent vers l’intérieur du houppier, sélection des branches constituant la charpente pour aboutir à une silhouette équilibrée.
- Formation de la couronne. Afin d’adapter le mieux possible l’arbre aux contraintes de son environnement, il est nécessaire d’élever progressivement sa couronne par une taille progressive des branches basses.
Elagage : raisonner pour éviter le gâchis
L’élagage raisonné et les plantations adaptées sont à la fois une source d’économies (d’argent, de temps et d’énergie), et une amélioration de la qualité sanitaire et paysagère du patrimoine arboré.
Elaguez uniquement lorsque cela est nécessaire
Avant toute intervention posez-vous la question de savoir si l’élagage est vraiment utile.
- L’arbre est-il réellement dangereux : branches mortes, fragiles, risquant de se briser sur des personnes ou des biens situés à proximité immédiate.
- L’arbre a-t-il (ou aura-t-il) un développement trop important qui est (sera) gênant pour l’homme, les bâtiments et les équipements : proximité immédiate du bâti, limite de propriété, réseaux aériens, passages de véhicules, …
En dehors de ces deux motifs, un arbre d’ornement n’a généralement pas besoin d’être élagué.
Ne coupez pas des branches de gros diamètre
De façon idéale, évitez de couper les branches de diamètre supérieur à 5 cm.
La solution de l’abattage est parfois préférable et plus économique que des élagages drastiques répétés dans le temps, traumatisants et disgracieux. Cela peut être le cas pour un arbre dont le développement est totalement disproportionné par rapport à l’espace dont il peut disposer. Un végétal adapté pourra ensuite remplacer l’arbre abattu.
Réalisez la taille de formation des jeunes arbres
Ces interventions très rapides avec un sécateur ou une scie manuelle permettent de résoudre, par anticipation, les problèmes qui se poseront à l’avenir (élimination précoce des branches qui seront dangereuses ou gênantes lorsque l’arbre sera adulte, branches trop basses pour le passage des véhicules, …). Les plaies étant de petits diamètres, elles se recouvrent rapidement et l’arbre restera totalement sain.
Recourez à des élagueurs professionnels maîtrisant parfaitement l’art de la taille, car un élagage trop violent est irréparable et engendre les coûts précédemment cités.
Le travail d’élagueur est un véritable métier demandant au minimum une année de formation théorique et pratique, reconnue officiellement par un certificat de spécialisation « Taille et soins aux arbres » délivré par le ministère de l’agriculture.
Un arboriste-grimpeur dument qualifié maîtrise les techniques de grimper, la sécurité, mais aussi la botanique, la physiologie, la pathologie de l’arbre et bien évidemment les techniques de taille.
Lors de tout aménagement paysager, plantez le bon arbre au bon endroit.
Choisissez pour chaque emplacement l’essence dont le développement adulte sera adapté à l’espace aérien disponible et à la hauteur désirée.
- Petits espaces : espèces à petit développement.
- Grands espaces : espèces à grand développement.
D’après la fiche du CAUE 77 « Elagage : comment faire des économies tout en améliorant la qualité des arbres d’ornement », avril 2013. Auteur : Augustin Bonnardot, forestier arboriste conseil.
Voir le site internet, comportant de nombreuses informations techniques et précises sur l’arbre :